L’histoire des couverts incontournables

10 octobre 2023

À l’exception des cultures asiatiques qui préfèrent les baguettes, les couverts de table sont devenus des compagnons habituels lors de nos repas. Mais comment ces ustensiles ont-ils trouvé leur place sur nos tables ? Quelle est l’origine de cette pratique ? Nous vous proposons un éclairage sur cette question, une opportunité d’en apprendre davantage sur l’histoire captivante de ces incontournables compagnons de repas.

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Les origines du terme « couvert »

Les premiers couverts à apparaître étaient le couteau et la louche. Le couteau, remontant à la Préhistoire avec l’invention des silex, et la louche, également appelée cuillère à pot, a fait son entrée au XIIIe siècle, ayant été fabriquée auparavant en bronze gaulois.

C’est au Moyen Âge que ces ustensiles, désormais communément appelés « couverts« , ont fait leur apparition. À cette époque, les ustensiles étaient rares et distribués selon les classes sociales et la notoriété : les nobles utilisaient des couteaux en or, les aristocrates des couverts en argent, tandis que les plus modestes étaient dotés de cuillères en bois. Il est intéressant de noter que, même au XVIIIe siècle, la fourchette était considérée comme un instrument diabolique incitant à la gourmandise, l’un des sept péchés capitaux, et la plupart des individus se nourrissaient avec leurs doigts.

Le terme « couvert » trouve son origine à la Renaissance, époque où les règles de bienséance à table et de nouvelles manières de se comporter ont émergé. Il possède plusieurs définitions, dont celle liée à l’étui couvrant une fourchette, un couteau et une cuillère. Les nobles utilisaient fréquemment cet étui au XVIe siècle sous le règne de Louis XIV pour couvrir leurs ustensiles. Une autre explication suggère que les rois, craignant l’empoisonnement, auraient ordonné de couvrir les plats d’un couvercle avant de les servir, d’où l’expression « mettre le couvert ».

Cette tradition s’est étendue jusqu’à couvrir les propres ustensiles des convives. Sous Louis XIV, les tables étaient encouragées à exhiber leur richesse matérielle, et les familles royales et la noblesse d’épée faisaient graver les dos de leurs couverts avec leurs armoiries, représentant l’histoire de la famille et signe de richesse.

L’histoire des différents couverts

La fourchette

Avant que l’usage courant de la fourchette ne soit introduit en France depuis l’Italie par Catherine de Médicis au XVe siècle et adopté par Henri III, fils de celle-ci, les gens se nourrissaient avec leurs doigts.

À ses débuts, la fourchette avait seulement deux ou trois dents et était utilisée principalement pour consommer des poires cuites et servir la viande. Son acceptation a mis du temps à s’installer dans les foyers. Louis XIV interdisait même à ses enfants de l’utiliser par crainte qu’ils ne se piquent avec. Ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle qu’elle a évolué pour avoir quatre dents et est devenue universellement acceptée, d’abord pour le service, puis pour la consommation des repas. Au cours des siècles, la forme des fourchettes a évolué, passant de deux à plusieurs dents.

Le couteau

Au Moyen Âge, le couteau servait de fourchette. Les gens l’utilisaient pour porter les aliments à leur bouche grâce à leur bout pointu. Plus tard, les couteaux ont été dotés de manches précieux car la superstition disait que ceux-ci les protégeaient contre les tentatives d’empoisonnement. Chacun avait son propre couteau qu’il portait à la ceinture.

Avec l’apparition de la fourchette, les couteaux étaient désormais utilisés principalement pour couper les aliments, en particulier avec l’avènement du couteau à viande au XVIIe siècle. Ce n’est qu’au XIXe siècle que les couteaux sont devenus des objets multiples et moins précieux dans les foyers, permettant aux invités de ne plus avoir à apporter leurs propres outils. Les couteaux se sont diversifiés pour couper différents types d’aliments (couteaux plats, crantés, etc.) tout en restant personnels pour les chefs.

La cuillère

La cuillère est un ustensile ancien, remontant à la Préhistoire et évoluant au fil des époques. Sa forme arrondie, le cuilleron, est apparue à cause du creux de la paume. Sa matière et son utilisation ont varié au fil des époques : en bois et en os au Paléolithique, en céramique au Néolithique, puis de retour au bois lors de la Grèce antique, exclusivement pour manger des œufs. Enfin, la petite et grande cuillère a fait son apparition lors de la Rome antique.

À une époque, son manche était très large, de la largeur de la paume de la main, permettant de la tenir pleinement. En bois pour la classe populaire, en étain pour la bourgeoisie, en argent pour les nobles ou en or pour les rois, la cuillère a vu son manche s’aplatir et s’allonger au XVIe siècle. Au XVIIe siècle, elle est devenue, tout comme le couteau et la fourchette, un objet précieux et personnel, avec des manches sculptés et gravés d’armoiries. Plus tard, au XVIIIe siècle, les orfèvres ont proposé différentes tailles de cuillères pour le thé, le café, les entremets, la soupe, le dessert, etc. Au fil des siècles, de nombreux ustensiles ont été conçus pour faciliter la vie de leurs utilisateurs.

Au-delà du service à trois pièces (fourchette, couteau et cuillère), des services spécifiques ont été développés au XIXe siècle grâce à la Révolution industrielle et à l’invention du métal argenté, permettant la création de couverts spécifiques en plus grand nombre grâce aux usines. Des services à poisson, à crustacés, à viande, à dessert, etc., ont émergé, enrichissant les tables de choix variés. La Révolution des Transports a ensuite facilité l’exportation de ces couverts à travers le monde.